L’IUT de Thionville-Yutz se mobilise face à la précarité étudiante.


Moins visibles qu’à Metz, Nancy ou Strasbourg, les étudiants en difficulté de l’IUT de Thionville-Yutz restent une réalité. La crise sanitaire tape fortement sur le moral et sur la scolarité. Matériellement, certains auraient besoin d’aide, mais peinent à se faire connaître. L’Institut universitaire de technologie (IUT) de Thionville-Yutz n’est plus la ruche qu’il était. Le vaste hall où se croisent habituellement les 450 étudiants du site est devenu un désert, ou pas loin. L’enseignement reste largement dispensé à distance. Seul un retour fractionné, à raison de 20 % du taux d’occupation des locaux, est à ce jour autorisé. Les jeunes gens, déconnectés de leur vie sociale, s’accrochent tant bien que mal. Dans ce marasme, certains peinent aussi à joindre les deux bouts.

À première vue, la précarisation de la génération étudiante semble moins importante en Moselle Nord que dans les grandes villes universitaires. À vrai dire, il manque certains outils ou interlocuteurs pour évaluer l’ampleur des dégâts.

L’IUT reconnaît avoir donné la priorité à ses prérogatives, à savoir : s’assurer que « tous sont équipés en matériel informatique pour suivre les cours à distance ». Malgré cela, il reste encore des besoins, en clé 4G, pour pallier l’absence de wi-fi ou de haut débit quand nécessaire, et en casques audio. « Les directeurs des départements nous ont fait remonter les difficultés ; nous-mêmes avons fait suivre. On fait du mieux que l’on peut », concède la directrice de l’IUT. Le Crous a pris le relais lorsqu’il a été alerté de situations tendues. Depuis la rentrée de septembre, le service des œuvres universitaires est venu épauler quarante étudiants : aide alimentaire, dettes de loyers, problèmes de santé, rupture éducative… Discrètement mais sûrement, l’aide est arrivée.

De son côté, le bureau des étudiants (Bety) fait ce qu’il peut. Le Covid a balayé tout ce qui fait le sel des études supérieures. Depuis un an, « nous n’avons jamais pu nous rassembler dans aucun endroit ; il n’y a pas eu de soirée d’intégration ; nous n’avons rien organisé dans notre local… Certains première année ne nous ont vu qu’en visio. Le résultat, c’est que personne ne se connaît, il manque un lien de confiance entre nous », résume Camille Joly, la présidente du Bety. Pas évident, dans ces conditions, de jouer la courroie de transmission. « En fait, les étudiants ne viennent tout simplement pas vers nous », regrette Dimitri. Il y a deux semaines, le Bety a lancé un rapide sondage via sa page Facebook pour tenter d’évaluer l’ampleur des besoins matériels. « On a eu cinquante-huit retours seulement et aucun message privé », indique Laura. Elle veut croire qu’en un an de crise sanitaire, les personnes fragilisées ont eu le temps de s’organiser, de recourir à d’autres mécanismes d’aide, mais enfin : « Reconnaître que l’on a besoin d’aide, c’est toujours difficile ». Le Bety va malgré tout lancer de nouvelles bouteilles à la mer. Pour rattraper les étudiants les plus en difficulté matérielle ou morale. Contact : asso.bety@gmail.com ou via la page Facebook de l’association.

Chrystelle FOLNY – Républicain Lorrain